L'Enfermerie

Cette pièce dont il reste peu de vestiges aujourd'hui a été créée au début du XIV° siècle lorsque les soeurs ont fauté gravement contre l'Ordre Communautaire établi. Recevoir des militaires, danser, chanter, célébrer la fête de Saint Félix avec des personnes laïques, recevoir dans l'Abbaye qui que ce soit, avait été insupportable aux yeux de l'Evêque et de la Papauté.

L'ordonnance de Jean de Vissec ( voir l'historique ), du 4 juin 1332, est très révélatrice. Une excommunication était à cette époque quelque chose de très grave pour le croyant et encore plus pour les communautés religieuses. Excommunié signifiait ne pas être enterré dans les cimetières, ni recevoir les sacrements. Les moniales obéirent rapidement à cette ordonnance et on leur demanda de construire une prison ou Enfermerie, du vieux français : Enfermer, ce qui fut fait promptement.

Si vous avez l'occasion de visiter des Abbayes ou Monastères, vous vous apercevrez qu'un certain nombre de ces lieux religieux possédaient une prison. Que ce soient les moines ou moniales, de temps en temps, l'un ou l'une transgressait trop la règle Bénédictine ou Cistercienne. Quant on connaît la force et la rigueur des règlements de ces Communautés religieuses, on peut comprendre la construction d'une prison ou Enfermerie dans ces lieux:

L'Enfermerie de Saint-Félix se présente comme un rectangle intérieur de quatre mètres vingt de long sur trois mètres de large, avec un passage pour une autre pièce.

Bien qu'assez arasée, elle est bien visible surtout sur sa partie Nord, qui fait le lien avec le mur Sud du Chauffoir. A l'Ouest, on trouve les restes d'une porte avec ses feuillures. Sa largeur est de cinquante trois centimètres. Petite ouverture pour y rentrer !

Les dégagements de cette pièce, comme celle d'à côté, n'ont amené aucune découverte, ni archéologique, ni lapidaire.
Quant à la construction suivante, nous n'avons aucun élément de fonctionnalité. Etait-elle une cellule ? Une autre pièce identique à l'Enfermerie ? Ce que nous savons, c'est qu'on y accédait par une série de trois marches bâties en pierres calcaires, car c'était le seul accès pour arriver à cet ensemble. Il sera utile, lorsque nous le pourrons, de dégager les murs extérieurs du côté Sud pour savoir si aucune autre trace révélatrice ou objet peut nous amener à aller plus loin dans notre étude.

La règle Bénédictine était très sévère : "Dans son enseignement l'Abbesse doit reprendre vivement les indisciplinées ou les turbulentes. Quant aux négligentes et aux arrogantes, nous inciterons à les châtier. Pour les mauvaises, les dures, elles les contraindra par les verges où un autre châtiment corporel... Si une soeur, fréquemment corrigée pour quelque faute, ne s 'amendait pas , même après avoir été exclue de la vie commune, on en viendra à dire qu'on lui infligera le châtiment du Fouet."

Cela nous paraît effarant aujourd'hui. L'Enfermerie devait être la dernière des punitions avant l'exclusion totale de l'Abbaye.