La Salle Capitulaire

Un petit rappel historique est nécessaire au rôle de la Salle Capitulaire ou salle du Chapitre. En effet, chaque jour, les moniales allaient dans cette salle pour écouter un chapitre de la règle d'où son nom. Elles examinaient leurs propres fautes et celles de leurs compagnes. Elles réglaient les affaires officielles et parfois elles tenaient des débats ou entendaient des discours de l'Abbesse sur la vie spirituelle.

Toutes les Salles Capitulaires sont presque toutes identiques. La forme et la hauteur, l'aspect des voûtes et ces marches de pierres sur lesquelles la communauté religieuse s'assoit: Le tout est surmonté d'une voûte basse à nervures, reposant sur des piliers au milieu de la salle capitulaire. Le siège de l'Abbesse, un peu surélevé, se trouvait au centre du mur oriental, face à l'entrée. En face de lui se trouvait un pupitre supportant le livre de la règle. L'Abbesse avait à sa droite sa Prieure, et à sa gauche la Sous-Prieure.

Les réunions des soeurs à la salle du chapitre est un moment important de la journée. On y lit d'abord le martyrologe, c'est à dire les Saints à honorer ce jour là, ensuite plusieurs prières suivent, et enfin on lit la règle du Monastère et la liste des moniales défuntes. Chaque nonne vient battre sa coulpe et avoue toute faute. Ceci est une déclaration faîte devant toute la Communauté réunie, des manquements, des erreurs, des mauvais gestes, susceptibles de troubler la bonne marche de l'Abbaye : avoir bousculé une soeur , couru dans le cloître, mangé gloutonnement ? Celle qui est coupable doit demander pardon et recevoir une pénitence selon l'importance de sa faute. Toute soeur qui demande pardon pour une faute, sera jugée avec autant plus de miséricorde et de bienveillance qu'elle s'humilie et se déclare coupable davantage.

C'est encore à la Salle Capitulaire que sont discutées les affaires qui réclament l'assentiment du Convent des moniales. S'il y a discussion, l'avis de l'Abbesse sera prépondérant. A la fin de la séance, un moment de détente est permis.

Il est à savoir que . " Ne pas avoir droit au Chapitre ", provient de l'interdiction aux Converses ou aux Oblates de ne pas assister aux réunions, puisque les premières n'avaient pas fait leurs voeux et les secondes ne les feraient jamais. Le dicton populaire actuel vient de cette règle monastique du Moyen Âge.

Intéressons nous maintenant à l'architecture de la Salle Capitulaire de Saint-Félix de Montceau.

La Salle Capitulaire est un rectangle de quinze mètres sur six. Le mur Sud présente une banquette d'une largeur et d'une hauteur de soixante centimètres. On remarquera sous l'assise de cette banquette un élément en pierre calcaire chanfreiné paraissant être un élément gallo-romain rapporté là pour permettre de bien asseoir le mur. Nous trouvons encore une fois de plus la trace d'une occupation gallo-romaine du Bas-Empire sur le Site.

Nous constatons dans l'architecture de la salle Capitulaire les mêmes éléments que dans les autres bâtiments monastiques de l'Abbaye. En effet, aucun pilier central pour soutenir la voûte ou la croisée d'arêtes ; nous n'avons trouve sous le sol aucun élément d'assise de piliers, aucune trace de chaux, dans quelque partie que ce soit. Nous pouvons affirmer une fois de plus, que la voûte de la salle était supportée par des arcs diaphragmes, comme le chauffoir, le réfectoire, les cuisines? et que la construction a été réalisée en grande partie, en pierres froides. Nous nous trouvons encore une fois devant une construction romane du XI° siècle, avec, nous le constaterons plus loin, des structures Wisigothiques.

On accédait à la Salle Capitulaire par une porte située sur la face Ouest, où se trouvait le cloître.
L'étude du mur Nord nous paraît très intéressante sur le plan architectural et archéologique. En effet, sa construction est hétéroclite. Nous trouvons des grosses pierres calcaires , de gros blocs de pierres froides , de petites pierres froides, et tout cela en alternance.

Curieuse disposition et curieux assemblage. Certes, les bâtisseurs ont voulu donner un certain cachet à la construction, mais aussi une certaine solidité à l'édifice, et nous pensons que ces rangées de pierres se poursuivaient tout le long de la pièce.
Nous émettons l'hypothèse qu'au XlII° siècle, lors de l'édification de l'Abbatiale gothique, la salle a été surhaussée, d'où l'empierrement anarchique de petite taille, au-dessus de la niche romane.
Nous pensons que pratiquement tout l'appareillage du mur Nord de la Salle Capitulaire a été bouleversé lors de l'édification de l'Abbatiale Gothique, car en même temps, ce mur servait d'appui au choeur de la nouvelle église, et devait donc être renforcé, comme le prouvent les énormes blocs de pierres froides Sur le côté Est.

La baie romane du mur Nord est devenue une niche pour une statue ; peut-être était-elle destinée à la statue de Saint-Félix ?